Portique de sécurité passé, famille restée derrière, me voilà devant la porte d'embarquement A49. Dernière demie heure avant de monter dans l'avion. Ne pas allumer l'ipod. Conserver la batterie pour le vol. Attente dans le brouhaha des vacanciers en partance. Pas de détour par le duty free. Trop de tentations. J'observe. Certains sont sous perf de musique à haute dose. D'autres devant leur laptop. D'autres lisent closer ou lifestyle. Je continue à observer. J'écris. c'est suffisant pour passer le temps. L'heure H approche. Vivement que la guitare soit calée dans le coffre et moi installée dessous. Je pourrai souffler et rêver à ce qui m'attend "là-bas".
Heure H, ça y est. Je tend mon ticket et mon passeport et les sourires commencent là. Ils ne cesseront pas. Passage de la porte A49, puis de la porte de l'avion quelques mètres plus loin. En plus des sourires on nous offre une fleur de Tiaré avant de monter à bord. J'aime déjà ce que je ne connais pas encore. Je progresse jusqu'à mon siège, range ma guitare et m'installe.
L'attente avant le décollage est interminable. Mais finalement... ça y est. J'ai quitté mon monde, ma vie comme je la connaissais, et vole vers l'inconnu. qu'est ce que c'est bon...
Films, tentative de sieste, repas, tentative de lecture, musique... tout s'enchaîne et se répète je ne sais plus dans quel ordre et pendant combien de temps. Je suis hors du temps. Depuis combien d'heures sommes nous partis? Combien d'heures reste-t-il? Aucune notion du temps. Ça me paraît interminable. Ici, au dessus de l'océan, je suis nulle part et partout.
Je pense à ce (ceux) que j'ai laissé derrière moi. Ceux à qui je n'ai pas dit au revoir. Ceux que ça n'a pas touché. Et ceux qui redoutait les adieux (peut être juste moi finalement...). La gorge serrée et les larmes proches au moment de faire le dernier pas qui me séparaient d'eux, j'ai redouté de trop y penser. Mais non, je ne regarde pas en arrière, je suis trop excitée par ce qu'il y a devant. "I'm not running from, i'm running for". Le premier jour du reste de ma vie.
Selon la carte sur mon écran nous survolons Hudson Bay. La traversée de l'atlantique terminée nous allons entamer le survol de l'Amérique du nord. Il fait jour et je regrette amèrement de ne pas être près d'un hublot. Tout à l'heure nous avons survolé l'Islande... Et je n'ai pas vu ça...
Il est 19h en France d'après le même écran. Il est donc 7h du matin à Tahiti. Mais quelle heure est-il ici? Et où est cet ici? Hors du temps...
Je n'ai plus sommeil. Je me suis levée et ai réussi à approcher d'un hublot. En bas j'ai vu... je ne sais pas trop en fait. des glaciers?...
00h30 heure française. Nous voilà à Los Angeles. Unique escale de mon voyage. Nous passons au contrôle de sécurité avant de monter en salle de transit. C'est tout ce que je verrai de l'aéroport. Et de Los Angeles...
L'escale se prolonge sans qu'on nous dise pourquoi. Un groupe de tahitiens chante accompagné de yukulélés. Aucune impatience malgré cette attente. Je me laisse emporter là-bas au rythme qu'on me donne.
Avec 2 heures de retard nous remontons finalement dans l'avion. Même avion, même siège, toujours pas de hublot. Mais maintenant il fait nuit alors... Je regarde la carte et apprends petit à petit le nom des îles et des archipels. Les noms me sont de plus en plus familiers. Iles sous le vent. Iles de la société. Tahiti. Maupiti. Huahine...
Plus qu'une heure avant l'atterrissage... En début de vol on nous a distribué un document à remplir. Je m'y attelle. Et je prends conscience de ma situation. Sur la fiche un côté visiteurs et un côté résidents. Je ne suis aucun des 2. Pas encore résidente et pourtant pas simple visiteur... Je choisis de remplir le côté visiteurs. Mais à la case "combien de jours restez vous?" je laisse un blanc. 700 jours ça fait un peu beaucoup pour des vacances... Je réalise seulement que la France n'est plus mon pays de résidence. Et n'ayant pas d'adresse là-bas je ne réside nulle part. J'aime ça.
Une voix nous prévient que nous allons entamer la descente. Température au sol 22°. Il est 23h heure locale =)
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