36/ Je suis allée au bout du monde à vélo...

et j'ai fait demi tour...

Mais commençons par le commencement.

Samedi 14 février je suis dans la voiture. Carole m'emmène à l'aéroport. il est 8h. premier constat: je réalise que j'ai oublié d'emporter le lonely planet alors que je pars sans avoir rien réservé. pour l'aventure je vais être servie...
l'enregistrement est rapide, et je suis hyper en avance. On squatte le café de l'aéroport avec Carole en attendant l'heure de l'embarquement. qui finit par arriver. Il est 9h30. J'abandonne Carole. embarquement. consigne de sécurité, décollage toussa toussa... des atolls commencent à apparaître. apparemment on est déjà aux Tuamotu. arrivée à Tikehau. il doit être 10h30. pas encore sortie de l'avion je discute avec un tahitien d'une cinquantaine d'années. je vous la fait courte:
"tu viens ici dans une pension?"
"nan j'ai ma tente"
"mais tu vas la planter où ta tente?"
"bah je sais pas je verrai bien"
"allez va, tu vas la mettre dans mon jardin"
ou comment trouver un abri gratos avant même d'être sortie de l'aéroport (et sans lonely planet!)
Au final le tahitien, Claude de son prénom, me prête sa chambre et dort sur un matelas dans le patio. A la maison il y a aussi teva, tema et pierre qui travaillent avec Claude.
Mes 2 jours à Tikehau se résument en: tour du motu à vélo, barbecue sur le chantier, snorkelling, méditation (ou sieste si vous préférez) la vie à la polynésienne quoi...Lundi matin je repars de Tikehau en me disant que mon périple commence plutôt bien. il est 11h.
Aéroport. consignes de sécurité. décollage. vol de 10 minutes. atterrissage à Rangiroa. Récupération des bagages. et là je réalise qu'aucun claude ne m'a proposé l'hospitalité... bon il va falloir improviser. je zone dans l'aéroport, regarde des pubs pour des pensions et des clubs de plongée, en repère une qui fait les 2, note le numéro. je commence à sortir avec dans l'idée de faire du stop jusqu'au village. mais je croise la voiture de la pension/club dont je viens de noter le numéro alors j'alpague le chauffeur. Au final il m'embarque avec le couple qu'il était venu récupérer pour que je puisse discuter tarif avec la gérante. la nuit à 1000 francs et la plongée à 5200 c'est moins que ce que j'envisageais mettre. et de toute façon j'ai la flemme d'aller à pied ou en stop jusqu'au centre du village pour trouver autre chose alors banco. je plante ma tente sur la plage du rangiroa lodge et je planifie déjà une plongée pour l'après midi. il est midi. le rendez vous est a 13h30. mission déjeuner.
Rangiroa c'est 6 plongées et autant de raies manta.des raies léopards. un requin marteau. des pointes blanches de récif. des pointes blanches de lagon. des gris. des pointes noires. des barracudas par dizaines (mais sans la crête, la chaîne en or et la camionette noire qui déchire). des tortues.des napoléons gigantesques. et évidemment des poissons de lagons (perroquets, carangues, chirurgiens de toutes sortes) par centaines(par milliers?). et des coraux magnifiques. ah oui et des dauphins que j'entends à chaque plongée mais que je vois jamais et que je ne verrai finalement qu'en surface, depuis le bateau, à la remontée de ma dernière plongée. c'est aussi une soirée de Uno endiablée (jusqu'à 20h45!!). d'autres soirées moins endiablées sous la tente avec ma musique et mes pensées (mais c'est bien aussi). la visite d'une ferme perlière.
Vendredi direction l'aéroport. il est 13h30. l'enregistrement est encore plus rapide. embarquement. là je retrouve par hasard 2 collègues qui arrive de tahiti avec l'avion (y avait gaston flosse aussi dans l'avion mais vous vous en fichez vous savez pas vous que c'est l'ancien président, actuel sénateur et un gros magouilleur de première.) Apparemment Manu et Ane-Sophie, les collègues donc, ont réservé dans la même pension que moi (moi j'ai attendu le dernier moment mais j'ai fini par craquer et avant de partir pour l'aéroport le matin même j'ai réservé un emplacement pour ma tente. histoire de pas me retrouver à la rue). consignes de sécurité. décollage. vol de 40 minutes. atterrissage à Fakarava. il doit être environ 16h. Jaques, le gérant de la pension, nous récupère à l'aéroport. le temps d'attendre les bagages je discute avec Nicolas le moniteur du club de plongée que j'ai également appelé le matin même. rendez vous est pris pour le lendemain matin il passera me chercher à la pension. sac récupéré. tour du village fait. courses faites. tente plantée. il est environ 18h.
Fakarava ce sera 2 plongées. la passe nord mais pas la passe sud. faudra revenir plus longtemps. pas de raies manta. mais des requins gris par dizaines. des tortues. des dauphins qui se montrent enfin. une plongée dérivante très sympa est moins sportive que celle de rangiroa.2 soirées totalement délirantes de PDG et de bataille corse (oui oui comme le UNO. les jeux auxquels on jouait au collège). un verre pris avec mes 2 compagnons de plongée: nico le moniteur, 1 belge qui ne boit pas de Hinano de peur d'énerver ses ancêtres et éric le coiffeur qui... bah qui est coiffeur quoi. mais qui accessoirement fait le tour du monde. mon premier cent pieds (j'en avais jamais vu. là je l'ai vu et je l'ai même découpé en sept au coup'coup'. oui en sept parce que sinon un mars et ça repart. c'est comme les vers de terre. et comme c'est moins gentil qu'un verre de terre et bah on lui laisse aucune chance de repartir). un couple de parisiens sacrement aigris et leur neveu de 11 ans qui s'ennuie à mourir et à qui on a sauvé la vie en lui proposant une partie de cartes (si si je vous jure. à voir sa tête on lui a sauvé la vie).
Et puis surtout dimanche, pour finir ce séjour de 10 jours paradisiaques comme il se doit... 10 km en vélo jusqu'à la passe. Tahiti c'est déjà le bout du monde. Les Tuamotu c'est le bout du bout du monde. alors ce bout de plage au bout du motu c'est le bout du bout du bout du monde. et j'y suis allé à vélo. et j'ai fait demi tour... et oui c'est fini les vacances...
alors 10 km dans l'autre sens. tente repliée. bagages bouclés. aéroport. enregistrement. embarquement. consignes de sécurité. décollage... ça y est on connaît la musique. mais là c'est la dernière fois... bye bye les Tuamotu.