jeudi 28 août 2008

8/ Tout de suite la suite

Vendredi soir on est invités chez des amis à Paea. Première sortie pour la twingo (bon ok pour nous aussi. On passe un peu notre vie à la pension sinon...)
Soirée pizza / J.O on a l'impression d'être chez nous. Super soirée donc.

Grâce à la twingo on n'a plus besoin de faire du stop. Mais la vérité c'est que ça nous manque. Alors dès qu'on voit quelqu'un lever le pouce on s'arrête. Et du coup on continue à faire des rencontres.

Samedi matin on retourne visiter la maison. La première fois elle n'avait pas les clés (oui oui j'ai signé sans avoir vu l'intérieur autrement qu'à travers les fenêtres. Même pas peur...) et puis Nyko ne l'a vue que la veille, à la nuit tombante. On est fans. Pour comprendre pourquoi les photos sont sur Picasa. Mais en gros c'est un Fare local, ça fait maison de vacances. Le méga plus c'est le jardin. J'avais vu la pelouse qui donne sur la mer, j'avais vu les cocotiers mais je n'avais pas vu... le manguier. Le bananier. Le pamplemoussier. Le papayer(??). Et l'arbre à pain. Elle est de loin bien mieux que toute celles que l'on a visitées.
On est repartis de là avec 3 pamplemousses et on s'est régalés avec un "jus de pamp'mousse" aussitôt rentrés à la pension.

Au passage petit coup de pouce demandé. On doit lui trouver un nom à ce Fare (prononcé Faré), on cherche un bon jeu de mot mais on ne trouve rien donc avis aux amateurs (vous l'aurez compris "do mi si la do ré" ça marche moins bien avec Fare...).

Sinon samedi, après la visite on a passé la journée à la plage à se dire "qu'est ce qu'on va être bien chez nous".

Dimanche on est allé à Papenoo voir le spot de surf. C'était génial pour le body et ce sera encore plus génial pour débuter le surf. Après on est allé voir le trou du souffleur (une vague qui envoie une grosse masse d'air d'un coup à travers les cavités de la roche ça fait un bruit impressionnant et vaut mieux pas être penché juste au dessus du trou). Et puis vu qu'on était lancés et qu'il était seulement 11h du mat on s'est lancé pour le tour de l'île. On a mangé nos sandwichs les pieds dans l'eau. On a nagé à TeaHupoo (bon j'admets pas dans LA vague mais bon on la voyait!). On s'est fait surprendre par la pluie. On est rentrés crevés mais Api.

La semaine s'est passée tranquillement, au boulot ça se passe super, il y a de moins en moins d'absents.
Aller à la plage à 15h un jour de semaine en sortant du boulot c'est assez appréciable...

Les derniers jours dans la pension sont longs quand on pense à la maison qui nous attend. Surtout que depuis quelques jours il n'y a plus beaucoup de passage. Mais on est patients et puis avec la voiture on est moins coincés le soir.

Ce soir je suis invitée à un truc du syndicat des orthos. Je suis pas branchée syndicat mais c'est un bon moyen de rencontrer les autres orthos de l'île. On verra ce que ça donne...

vendredi 22 août 2008

7/ Semaine vite passée

Jeudi 15h30. Je viens de signer un chèque de 185 000F. Un chèque de caution pour la maison. Ca fait bizarre mais ça y est. Une bonne chose de faite.

Flashback. Je récapitule. je reprends tout du début.
Vendredi on a visité une maison à la pointe des pêcheurs (pk 15, pas loin d'un spot de surf) qui nous plaisait beaucoup. (et pour cause: jardin arboré, piscine, intérieur refait à neuf, cuisine bar qui communique avec un grand salon entièrement vitré). Restait à trouver un 3ème coloc puisque Sofian préfère prendre un bateau finalement.

Lundi le programme était chargé. vérifier les mails. Téléphoner aux éventuels futurs colocs intéressés. Rappeler l'agence pour prendre rendez-vous. Continuer à prospecter d'autres maisons au cas où. J'arrive au boulot lundi matin et découvre que je n'ai plus internet. C'est mal parti...

Dans la semaine moult coups de fil, calculs savants, mails... Aux agences, particuliers, colocs, banques...

On est jeudi. Et finalement on a trouvé une autre maison. En bord de mer. Moins chère que pk15. L'agence à qui on avait dit qu'on prenait la maison et qui nous la gardait au chaud n'est pas ravie... Je passe encore ma journée à calculer, à mailer et à téléphoner. Et voilà. 15h30, le chèque est signé. Le 1er septembre on s'installe dans une maison, entourée d'un jardin, le dit jardin donnant directement sur la plage et le lagon. Je vous laisse imaginer la vue...

Sinon cette semaine...
On a laissé partir les suisses en oubliant d'échanger nos coordonnées.
On s'est à nouveau retrouvé seuls dans la pension parce qu'ils sont tous partis le même jour. (Même Sofian qui n'a pas encore son bateau mais qui a pris un studio en attendant). Mais ça y est une hollandaise est déjà arrivée pour repeupler.
On a raconté au moins 250 fois notre dimanche baleines et on ne s'en lasse pas.
J'ai enfin les bons papiers pour la banque qui va pouvoir autoriser le crédit pour la voiture. Ce qui veut dire qu'en plus d'avoir une maison je vais enfin avoir ma twinguette.
On se rend compte que ne pas avoir la télé et internet à la maison ça change la vie. Chopper le net au boulot c'est bien suffisant. Et pour les films y a toujours les divx.
J'ai failli vexer Jean-Jean mon chauffeur et me retrouver à pied parce que je l'ai attendu 1h et qu'il aurait fallu l'attendre 1h05.
On va faire notre premier dîner mondain. Le couple qui nous avait pris en stop et avec qui on a tout de suite sympathisé nous invite à dîner demain soir. J'ai hâte de pouvoir leur rendre la pareille.
J'ai conduit pour la première fois à Tahiti et je me suis vite habitué à la conduite d'ici. J'ai toujours aimé conduire mais ici c'est comme à la Réunion; on a tout le temps l'impression d'être sur la route des vacances.

Petite mise à jour...
Vendredi matin. Je viens de signer le chèque et les papiers pour la twingo, je la récupère cet aprèm ! =)



jeudi 21 août 2008

6/ Grand week-end/ petites vacances

Mon week end du 15 août en vrac:

Des nouveaux à la pension: 1 couple de p’tits suisses, psycho joe, des brésiliens, un néo zélandais…

Plage. Visite d'appart. Plage. Visite de maison. Plage. Soleil. Poissons toujours plus nombreux et plus colorés (vu un banc d'une centaine de blancs et jaunes suivis par 2 gros gris. Souvenir de Martinique). Corail un peu plus agressif que d’habitude: ventre écorché, bras et épaule râpés, pied ouvert. Reef 3- Nono 0 (Souvenir de Corse). Bandage Mac Gyver avec un paréo.
Plus 1 franc en poche (merci le plafond de retrait hebdomadaire mais faut qu’on mange nous!). Toujours plus de système D.
Dépassés par une voiture. Un cri aigu nous fait sursauter. On se retourne. Le type est mort de rire. Nous aussi, une fois le choc passé.
Pleine lune. Tout s'explique...

Toujours plus de rencontres en stop: un “bienvenus à Tahiti” pour bien commencer la journée vendredi matin. Une blonde du grand froid (et oui dans les montagnes on se caille). 2 soeurs qui s’ennuient à Tahiti (note pour plus tard: les hacher menu format plancton et les donner en pature aux baleines). Un agent immobilier qui nous dit qu'il y a eu un meurtre dans la maison qu'on envisage de louer à un de ses concurrents (stratégie commerciale??). Un militaire avec un chapeau de cow-boy ressemblant à The Edge de U2 et déjà blasé de Tahiti (et de la vie en général?). Vahi et ses baleines. Bon, ça ça vaut le coup d’être développé. C'est parti.


Vendredi matin donc. Une première voiture nous a laissés à mi-chemin. Un 4x4 blanc nous prend. On discute.
“Ah ouais vous aimez l’océan? Moi j’ai un petit bateau. Ca vous direz d’aller voir des baleines dimanche?” Euh… comme ça là au pied levé… Bah oui!!!!!!!
Un jour on arrêtera peut-être de s’étonner de la gentillesse des gens d’ici. Mais pas encore. On repart donc avec son numéro en poche. Et son prénom. Vahi.

Dimanche vers 11H. Je l'appelle de la plage devant le musée des îles (on n'allait pas l'attendre à la pension non plus). Midi. Il passe nous chercher sur le parking du musée. Marina. Mise à l'eau du bateau ("petit" c'est ça ouais...). Pas encore sortis du lagon Nyko et moi on aperçoit en même temps un truc. C'est pas une baleine. C'est "juste" une tortue. Une fois sortis de la passe on aperçoit plusieurs bateaux regroupés. Plutôt bon signe. On les rejoint. On les dépasse. 15 min à scruter les vagues on ne s'était pas rendu compte qu'il n'y a plus que nous et un autre bateau.
"Là-bas! Là-bas y a un truc!". Ah oui cette fois le truc c'est bien le dos d'une baleine. Plein gaz. On approche. On la voit. On la regarde. Elle nous montre sa caudale avant de plonger.
On scrute. "Là-bas!". Plein gaz. Admiration. Photos. Celle-ci (ou est-ce la même?) nous montre son ventre et ses nageoires qu'elle claque dans l'eau. Puis plonge.
"Là!". Pas besoin de mettre les gaz. Elles sont 2. Elles sont à 3 mètres du bateau et font leur show. Elles finissent par plonger. On se regarde. Sourires béas scotchés au visage. On n'y croit pas. Plus aucun bateau à l'horizon. Tout ça juste pour nous.
"Ca y est vous avez bien vus, bien regardé? Vous avez pris des bonnes photos? Parce que la prochaine fois vous plongez" Sérieux???? On peut? Bizarrement Nyko n'a plus peur des requins et moi j'ai oublié mon pied. On range les appareils photos et on sort les masques.
"Là! On y va?" "Nan d'abord je me rapproche. Ok maintenant" On se glisse hors du bateau et on se retrouve juste au dessus d'elle. Elle s'enfonce doucement jusqu'à ce qu'on ne la voit plus. On remonte à bord.
La 2ème fois elle est encore moins loin. Elle nous montre son ventre blanc et étend ses nageoires. Je la vois de mieux en mieux. De mieux en mieux?? Mais elle descend pas elle remonte! D'abord doucement, à l'horizontale. Puis elle se redresse pour atteindre la surface. Nyko remonte sur le bateau. Moi je scotche. Elle commence à redescendre. Elle tourne. Elle prend son temps pour descendre. Et moi j'admire. Elle chante. Elle chante! Elle s'enfonce de plus en plus. J'attends d'être sûre de ne plus voir une seule ombre blanche avant de décrocher mes yeux de là où elle était.
On finit la journée à l'ancre dans le lagon. Bronzage et PMT. Journée de fou.
On vient de nager avec des baleines. On aurait payé pour être entassés à 15 sur un bateau et juste les apercevoir. Non seulement on était seuls sur le bateau, seuls sur l'océan, mais on ne les a pas juste vues, on a nagé avec, et elle a chanté... et tout ça parce que ça faisait plaisir à Vahi de nous emmener... J'aime Tahiti. J'aime les gens d'ici. En tout cas ça va être dur de faire mieux après ça... Vahi nous promet mieux: les baleineaux. Rendez-vous est pris...

Ah oui. On a quand même noyé nos 2 portables dans l'histoire. Le sac à dos a pris l'eau à l'arrière du bateau.Mais on s'en fiche. On a nagé avec des baleines.
En rentrant à la pension on regarde les photos et les vidéos. On y croit toujours pas.

jeudi 14 août 2008

5/ Houseless but not homeless.

Jeudi 14h22. Ma journée est finie. Et oui je sais c'est pas juste. En théorie je finis à 15h. Donc j'ai 40 min pour squatter internet =).

Alors. La semaine. J'ai découvert le fonctionnement des dispensaires. Les équipes au complet et plus longuement. Jusque là je les avais juste croisées. Bouger c'est bien. Trimballer le matos c'est chiant. Changer d'équipe tous les jours faut s'y retrouver. Au final en une semaine ça y est je suis habituée. Donc le boulot ça va.

Reste le reste (je fais ce que je peux je suis pas Baudelaire). La voiture. Bon avec beaucoup de guillemets je l'aurai "peut-être" la semaine prochaine. C'est pas la faute du rythme tahitien c'est la faute des banques. Rien de plus normal quoi. En attendant j'ai toujours Jean-Jean mon chauffeur perso. Je suis à l'heure au boulot le matin et vite à la maison le soir (pardon, l'aprèm). Tout va bien donc.

La maison. On était 2 on est 3. Un nouveau pote, un nouveau coloc. Sofian donc, est arrivé à la pension il y a 3 jours. Lui parler c'est l'adopter. C'est ce qu'on a fait =) Tout va vite. Sauf qu'on n'a pas de toit... L'agence a buggé et la maison de nos rêves a été louée. Pas à nous apparemment. Soit-disant qu'ils en ont une autre à Pk17. Bord de mer. On verra bien. En attendant à la pension toujours plus de rencontres. Plus de fourmis. Plus de cafards... Oui je sais ça donne envie. Mais même pas peur! (ouais euh... je resterai pas 2 ans non plus...).

Bon restons sur les rencontres. J'entretien mon anglais. Un californien, une famille de californiens (quoi ils ont pas assez de soleil là-bas?). Un anglais hier soir. Je fais la guide touristique. Oui je sais j'ai rien vu mais on m'a dit quoi aller voir!! Bon en tout cas l'english man in Papeete avait l'air content du take away chinois où on l'a emmené hier soir. Donc peut être que je fais pas ça si mal que ça. Et l'idée d'aller camper sur la plage à Moorea à l'air de lui plaire. Normal c'était notre programme de ce week end. Et nous on fait que des trucs cools. Sauf que là on a remplacé "camping et plage à Moorea" par "visites de maisons". On va moins bronzer... Mais on verra, grâce au week end de 3 jours on aura pitêtre le temps d'y faire un saut à Moorea.
Les italiens. On le sait eux quand ils arrivent. 2h du matin ils sont au milieu du dortoir à faire la causette. No soucy... C'est marrant 2 fois on a été réveillés. 2 fois par des italiens. Même les français sont assez discrets pour qu'on se lève le matin en se disant "Tiens on est plus les seuls dans le dortoir".

Bon sinon Nyko a plein de projets pour faire de moi une star (lol inside). Je commence à signer mes photos. Si ça c'est pas la classe. Quand je serai riche et célèbre promis au lieu de vous prêter juste un hamac quand vous viendrez me rendre visite je vous prêterai une tente. Quand je vous dis qu'ici j'ai appris ce qu'était la générosité !!

En attendant je parle de photos et y en a toujours aucune sur ce blog. Shame on me. The good news is... Ici (dispensaire de Mont Sinaï où je serai tous les jeudis) il y a le wifi!! Donc au lieu de trimbaler mes photos sur clé et de ramer pendant des heures pour les transferts je pourrai uploader direct de mon MacBook.
Second good news... Sur mon Mac j'ai skype...

update: pour les photos, c'est réparé =)

lundi 11 août 2008

4/ Vivre comme si c'était normal de vivre au paradis.

La semaine commence.
Les premiers jours j'arrive à me débrouiller avec le pouce levé pour aller travailler. Finalement je finirai par troquer le stop contre un chauffeur du boulot qui viendra me chercher et me ramènera à la pension jusqu'à ce que j'ai une voiture.
La semaine de boulot est calme. C'est la dernière semaine de vacances pour les enfants, ils ont mieux à faire que venir en orthophonie. Ça me laisse le temps de m'acclimater, de m'occuper de mes papiers, de régulariser. J'en vois quand même quelques uns. On fait connaissance. Je m'adapte.

En dehors du boulot je visite des maisons. Mais pas ce qu'on cherche.
J'appelle pour des voitures. c'est infructueux.
Un soir nous sommes invités par Mathieu (rencontré sur le net car il cherchait aussi une colocation). Il veut nous faire visiter la maison qu'il vient de louer. Et accessoirement nous louer le studio en dessous. Il vient nous chercher et nous y emmène. C'est immédiat. On sait qu'on ne veut pas ça. Ni sa maison, ni devenir comme lui. La maison, située sur les hauteurs, est luxueuse et la vue sublime. Certes. Mais elle est enfermée derrière des barrières dans une banlieue riche. Et le lagon, même s'il est magnifique vu d'ici, est impossible à rejoindre à pied.
Mathieu nous parle de sécurité, on ne se sent pas menacés. Il nous parle de sa piscine, nous regardons le lagon. Il nous parle des bouchons, on le sait. c'est le prix à payer pour vivre au paradis.
On préfère retrouver notre pension, que l'on partage avec les touristes et les fourmis. Au moins on partage. On rencontre. On vit. On l'aime notre système D.
Il est sympa quand même Mathieu. On ne voit pas la vie de la même façon. C'est tout. Il me donne le numéro d'un ami qu'il me conseille d'appeler pour acheter une voiture. Bon plan en effet. Merci =)

Je rencontre plein de gens. Des gens d'ici. Des touristes. Américains, italiens, néo-zélandais... Des français aussi. Touristes ou installés ici depuis des années. Certaines rencontres sont décevantes d'autres sont riches en tant de choses.
Et la semaine se termine...

Deux jours entiers pour profiter...
Du stop encore. Une rencontre particulière.
Plage. Plongée. Marche au bord du lagon. Comment s'en lasser?
Bodysurf. Je commence à maîtriser.
Rencontres, partage, échanges... et tant de choses encore à venir.
J'aime cette vie. Et c'est la mienne maintenant.

En 10 jours j'ai (re)découvert: le stop, la générosité, les plaisirs du système D, le poisson cru, les piqûres de moustique, le bodysurf, la vie à la cool, l'amitié, les firi firi!!...


3/ Les premières fois

Il y a eu le premier jour de boulot. Rencontrer les équipes, découvrir les bureaux, s'occuper des papiers... En rentrant il y a eu la recherche d'une pension. Un toit en attendant notre toit. On en trouve une à Faa'a. La moins chère et il y a de la place pour tout le mois. On en demande pas plus. Je réserve pour dimanche soir. Je resterai au lagon bleu en attendant. Il y a eu les recherches de voiture aussi. Finalement je ne suis pas beaucoup sortie aujourd'hui. Alors on sort. ne serait-ce qu'en bas de l'immeuble pour trouver quelque chose à manger. On sait qu'on est au paradis parce que même les hamburgers sont divins. =p

Et puis c'est le premier week end. On part visiter des maisons et sur la route ça y est. Je découvre l'océan. Je ne l'avais pas encore vu! La côte d'un côté et les montagnes de l'autre. C'est majestueux. Les maisons sont du côté de Mahina, côte Est. Il est 11h, les visites sont finies et il nous reste toute la journée devant nous.

Premier bain dans le pacifique. Plage de sable noir. Nager dans une eau chaude en regardant la montagne. Une fête sur la plage. De la musique. J'aime ma nouvelle vie.
La plage c'est bien mais avec les poissons c'est encore mieux. Alors on décide d'aller au lagon, sur la côte Ouest. On marche un peu en se demandant comment aller jusque là-bas. En bus? On s'assoit et on l'attend. "On n'a qu'à faire du stop en attendant, on sait jamais".
Premier stop donc. 2 min. 2 min et une voiture s'arrête et nous emmène. Nous voilà sur la plage de Punaauia (pk 18).
Premier bain dans le lagon. Magique. On y passe le reste de la journée. Je déjeune d'un sandwich, assise dans l'eau, face à Moorea en regardant les poissons jouer autour de moi. Qu'est ce qu'il a de plus le paradis ?
Le soleil va se coucher, il est temps de retenter le stop. 5 min et on nous ramène au lagon bleu. Faudrait pas prendre l'habitude... Désalage et délassage dans la piscine de la résidence. On remonte et s'est reparti pour les recherches de maison et de voiture. Ca fait beaucoup en 2 jours alors on dîne, un film et au lit.

Dimanche matin. On se réveille doucement. Il est 7h30. Quelques coups de fil, un mail pour donner des nouvelles, msn... il est 11h30. 11h30?? Il serait temps de se bouger. Clémence (qui nous héberge) nous dépose à PK16 (Pk0 c'est Papeete. Ensuite on compte en kilomètres. La plage d'hier étant à 18kms de Papeete : Pk18).
Nous sommes donc à 2 kms de la plage où l'on était hier. C'est un spot de surf.
Premières vagues. Je tente de renouer avec le bodysurf. Les vagues seront meilleures cet après-midi. On retourne faire du stop pour aller à Pk18 avant de revenir surfer. Cette fois personne ne s'arrête, mais nous ne sommes pas très patients. Une pizzeria. Et si on déjeunait? on aura peut être plus de chance tout à l'heure... En effet après la pizza l'attente n'est pas longue on nous dépose en quelques minutes à pk18.
Je nage jusqu'à la barrière de corail mais ne la traverse pas. La prochaine fois.
Vers 16h on repart vers le spot de surf. Mais à pied. Par la plage. On longe des maisons superbes. L'une d'entre elles est peut être la notre... Sur la plage, face au lagon... On a le droit de rêver.
Le soleil commence à se coucher et cette marche est simplement fabuleuse. Les touristes ont quitté la plage depuis longtemps. Maintenant ce sont des Mao'hi que nous croisons. En train de pêcher. Ou de ramer sur leur Va'a (pirogue). Je m'imagine tellement avoir cette vie là. Et être là le soir, parmi eux...
Finalement une fois arrivés il est trop tard pour surfer. On rejoint la route et on récidive. Auto-stop. Une première voiture nous emmène jusqu'à Faa'a puis une autre jusqu'à Papeete. On fera le reste à pied.
Le surf, la nage et la marche nous ont épuisés. La piscine nous attend. Fatigue, crampes et froid m'en font sortir.
Il est temps de reboucler les valises. Ce soir nous déménageons à la pension. Clémence m'y emmène avec les valises et Nyko y va à vélo.
La pension est juste en face de l'aéroport. En entrant je me demande un peu où je suis mais après avoir pris ma carte d'identité on me montre le dortoir. C'est parfait et en plus ce soir nous seront seuls. A côté du dortoir nous avons un salon, une salle à manger, une cuisine et un bout de jardin. Pour ce prix c'est inespéré.
Une fois installés, Clémence nous emmène manger aux roulottes à Papeete. Je découvre donc une quinzaine de camions-restaurants les uns à côtés des autres, avec quelques tables en terrasse. Il n'y a plus qu'à trouver où s'asseoir. Je goûte enfin le poisson cru. On rentre.

Première nuit dans notre chez nous temporaire.
Le seul inconvénient sera le bruit des avions qui décollent au-dessus de nos têtes.


2/ Arriver.

Rien qu'en passant la porte de l'avion je sais que je suis chez moi, ici où je ne connais rien.
Nous descendons de l'avion directement sur le tarmac. La chaleur et la nuit me couvrent. A l'entrée dans l'aéroport des musiciens tahitiens nous souhaitent la bienvenue en musique et on m'offre une nouvelle fleur de Tiaré.
L'attente des bagages est longue mais j'ai l'habitude. Ils arrivent les derniers. Pour changer...
Dans le hall d'arrivée Audrey me reconnaît et m'accueille avec un collier de fleurs fraîches. J'aime les traditions. On me dit "bienvenue chez nous" et presque "bienvenue chez toi".
Audrey me dépose au "lagon bleu", la résidence au Nyko est hebergé et où je dormirai, au moins cette nuit. Il m'attend devant et prend le relais d'Audrey qui reviendra me chercher demain matin.
J'installe mes valises dans la chambre et prend une douche. Ça y est j'y suis, je suis là-bas. Mais maintenant là-bas c'est ici. Je n'ai pas sommeil. On discute. Je me couche mais ne dors pas. Me repose quand même. Demain je découvrirai cette île dont je n'ai rien vu ce soir, de nuit.

1/ Partir...

Portique de sécurité passé, famille restée derrière, me voilà devant la porte d'embarquement A49. Dernière demie heure avant de monter dans l'avion. Ne pas allumer l'ipod. Conserver la batterie pour le vol. Attente dans le brouhaha des vacanciers en partance. Pas de détour par le duty free. Trop de tentations. J'observe. Certains sont sous perf de musique à haute dose. D'autres devant leur laptop. D'autres lisent closer ou lifestyle. Je continue à observer. J'écris. c'est suffisant pour passer le temps. L'heure H approche. Vivement que la guitare soit calée dans le coffre et moi installée dessous. Je pourrai souffler et rêver à ce qui m'attend "là-bas".

Heure H, ça y est. Je tend mon ticket et mon passeport et les sourires commencent là. Ils ne cesseront pas. Passage de la porte A49, puis de la porte de l'avion quelques mètres plus loin. En plus des sourires on nous offre une fleur de Tiaré avant de monter à bord. J'aime déjà ce que je ne connais pas encore. Je progresse jusqu'à mon siège, range ma guitare et m'installe.
L'attente avant le décollage est interminable. Mais finalement... ça y est. J'ai quitté mon monde, ma vie comme je la connaissais, et vole vers l'inconnu. qu'est ce que c'est bon...

Films, tentative de sieste, repas, tentative de lecture, musique... tout s'enchaîne et se répète je ne sais plus dans quel ordre et pendant combien de temps. Je suis hors du temps. Depuis combien d'heures sommes nous partis? Combien d'heures reste-t-il?
Aucune notion du temps. Ça me paraît interminable. Ici, au dessus de l'océan, je suis nulle part et partout.

Je pense à ce (ceux) que j'ai laissé derrière moi. Ceux à qui je n'ai pas dit au revoir. Ceux que ça n'a pas touché. Et ceux qui redoutait les adieux (peut être juste moi finalement...). La gorge serrée et les larmes proches au moment de faire le dernier pas qui me séparaient d'eux, j'ai redouté de trop y penser. Mais non, je ne regarde pas en arrière, je suis trop excitée par ce qu'il y a devant. "I'm not running from, i'm running for". Le premier jour du reste de ma vie.

Selon la carte sur mon écran nous survolons Hudson Bay. La traversée de l'atlantique terminée nous allons entamer le survol de l'Amérique du nord. Il fait jour et je regrette amèrement de ne pas être près d'un hublot. Tout à l'heure nous avons survolé l'Islande... Et je n'ai pas vu ça...
Il est 19h en France d'après le même écran. Il est donc 7h du matin à Tahiti. Mais quelle heure est-il ici? Et où est cet ici? Hors du temps...
Je n'ai plus sommeil. Je me suis levée et ai réussi à approcher d'un hublot. En bas j'ai vu... je ne sais pas trop en fait. des glaciers?...

00h30 heure française. Nous voilà à Los Angeles. Unique escale de mon voyage. Nous passons au contrôle de sécurité avant de monter en salle de transit. C'est tout ce que je verrai de l'aéroport. Et de Los Angeles...
L'escale se prolonge sans qu'on nous dise pourquoi. Un groupe de tahitiens chante accompagné de yukulélés. Aucune impatience malgré cette attente. Je me laisse emporter là-bas au rythme qu'on me donne.

Avec 2 heures de retard nous remontons finalement dans l'avion. Même avion, même siège, toujours pas de hublot. Mais maintenant il fait nuit alors... Je regarde la carte et apprends petit à petit le nom des îles et des archipels. Les noms me sont de plus en plus familiers. Iles sous le vent. Iles de la société. Tahiti. Maupiti. Huahine...

Plus qu'une heure avant l'atterrissage... En début de vol on nous a distribué un document à remplir. Je m'y attelle. Et je prends conscience de ma situation. Sur la fiche un côté visiteurs et un côté résidents. Je ne suis aucun des 2. Pas encore résidente et pourtant pas simple visiteur... Je choisis de remplir le côté visiteurs. Mais à la case "combien de jours restez vous?" je laisse un blanc. 700 jours ça fait un peu beaucoup pour des vacances... Je réalise seulement que la France n'est plus mon pays de résidence. Et n'ayant pas d'adresse là-bas je ne réside nulle part. J'aime ça.
Une voix nous prévient que nous allons entamer la descente. Température au sol 22°. Il est 23h heure locale =)